L’association Echo-Mer est née de l’idée de son fondateur, David Beaulieu. Effectivement en tant qu’ancien marin, il a travaillé sur des bateaux durant plus de 15 ans, notamment dans le convoyage des bateaux de course. Il est donc sensible aux questions d’environnements liées au milieu maritime.
Lors d’une de ses traversées de l’Atlantique, en 2000 entre Newport (US) et Hendaye, David a eu la chance de naviguer dans des zones très riches en termes de biodiversité marine, spécialement au niveau des oiseaux marins et des cétacés. Malheureusement très vite, il a aussi rencontré, en approchant des côtes, de larges nappes de déchets flottants, essentiellement des plastiques en tous genres.
C’est alors que David Beaulieu a ressenti l’appel, « l’écho », de la mer qui lui demandait de s’engager, de la protéger, en contrepartie du plaisir qu’il prenait à naviguer.
De retour à La Rochelle, son port d’attache, il a donc décidé de créer une association pour sensibiliser les usagers de la mer et le grand public à la pollution des océans. C’est ainsi qu’Écho-Mer a vu le jour officiellement en juillet 2001.
La pollution des mers et des océans est générée en premier lieu à terre par les activités humaines, tout autour du globe. En effet, le niveau de la mer est plus bas que celui des continents. En conséquence, les déchets, les substances toxiques et l’ensemble des pollutions rejetées à terre, poussés par le vent et le ruissellement des eaux de pluie, atteignent les cours d’eau, qui invariablement, de ruisseaux en rivières, puis en fleuves, finissent par atteindre les mers et les océans. Ils engendrent alors des dégâts considérables sur la qualité des eaux et donc sur l’ensemble des écosystèmes qui y vivent. Qui n’a jamais lu un article relatant les échouages de tortues ou de cétacés à l’estomac rempli de plastiques ?
Par ailleurs, de nombreuses études révèlent la présence de pesticides dans les poissons et coquillages pêchés en mer.
De plus, les activités maritimes contribuent à la pollution du milieu marin. Certaines routes maritimes sont très fréquentées, notamment par d’énormes cargos porte-conteneurs. Ces grosses unités utilisent de grandes quantités de carburants, automatiquement des rejets (fumées noires, etc.). De nombreux conteneurs se perdent également en mer, occasionnant des risques de collision avec les navires et la faune marine, notamment les cétacés, ainsi qu’une pollution conséquente. Outre les incivilités telles que les dégazages sauvages au large, les naufrages occasionnels peuvent aussi avoir de terribles conséquences, à l’image des marées noires qui tuent des millions d’animaux (oiseaux, poissons, coquillages…) et détruisent les côtes.
Les activités de loisirs nautiques se sont énormément développées depuis le siècle dernier. Plus particulièrement, la navigation de plaisance s’est démocratisée, multipliant ainsi le nombre de bateaux, augmentant la taille des ports de plaisance, et le nombre de grosses marinas. Inévitablement, les rejets d’hydrocarbures et d’antifoulings toxiques augmentent proportionnellement à la quantité de navires en circulation.
De la même façon, la production de matériel représente une pollution indirecte importante si l’on considère la production des bateaux eux-mêmes (bois d’importation, résines plastiques…), celle des voiles, des combinaisons en néoprène (matière dérivée du pétrole), des stocks de fusées pyrotechniques, des cartouches de CO2 pour les gilets de sauvetage et les radeaux de survie, etc.
Les actions d’Écho-Mer s’organisent autour de deux axes de travail principaux : la pédagogie et la revalorisation de matières.
La pédagogie :
• Animations auprès des scolaires, du primaire au lycée.
• Sensibilisation des usagers des ports de plaisance : conception de signalétique environnementale, sensibilisation des plaisanciers en escale…
• Balades écocitoyennes à destination du grand public, des scolaires, des entreprises…
• Animation de stands sur les évènements locaux
• Ateliers recyclage
• Nettoyages de ports à l’épuisette
Depuis le printemps 2020, les bénévoles parcourent les pontons deux à trois fois par semaine sur le Vieux Port de La Rochelle, pour ramasser les déchets en provenance du large, qui eux-mêmes proviennent souvent des déchets domestiques générés sur terre.
En effet, les déchets urbains sont nombreux à finir leur course dans les bassins de plaisance du centre-ville à La Rochelle : mégots, masques, bouteilles en verre et plastique, gobelets en plastique, emballages de street food, seringues, mais aussi sacs en plastique, jouets et déchets professionnels (collecteurs d’huîtres, morceaux de filets de pêche, hameçons…).
C’est pourquoi Echo-Mer poursuit énergiquement les ramassages et continuons notre sensibilisation auprès du grand public et des usagers de la mer, afin de favoriser une prise de conscience collective.
Dans un souci de réduction du volume des déchets, Écho-Mer récupère différentes matières usagées, principalement issues des activités maritimes :
• Les voiles
• Les combinaisons néoprène
• Les poches ostréicoles
Mais aussi :
• Les bouchons de liège
• Les bâches publicitaires
L’économie circulaire, c’est quoi ?
Le terme d’économie circulaire désigne l’organisation d’activités économiques et sociales recourant à des modes de production, de consommation et d’échange fondés sur l’écoconception, la réparation, le réemploi et le recyclage, et visant à diminuer les ressources utilisées ainsi que les dommages causés à l’environnement. (Source : INSEE).
La solidarité est une valeur fondatrice de l’association. Écho-Mer a à cœur d’intégrer une dimension solidaire dans ses actions, à chaque fois que cela est possible. L’objectif est de favoriser l’accès à l’emploi pour des personnes peu ou pas diplômées, en situation précaire socialement et / ou professionnellement.
Ainsi la revalorisation des voiles s’effectue en partenariat avec l’atelier de confection de la centrale pénitentiaire de Mont De Marsan (40). Huit travailleurs incarcérés sont formés en permanence aux différentes étapes de la couture professionnelle sur machines à coudre industrielles : découpe, assemblage, piquage, couture… Les ouvriers laissent libre court à leur imagination concernant l’assemblage des couleurs et la création des motifs, développant ainsi leur créativité personnelle.
Depuis 2021, l’atelier d’économie solidaire « Atout Solidaire » à Tonnay Charente (17) réalise pour l’association un modèle de sac à dos en voile recyclée. Ce nouvel article est réalisé par Anaëlle, une jeune femme souffrant d’épilepsie. Le chantier d’insertion lui permet de se réaliser pleinement sur le plan professionnel, dans un cadre souple et adapté.
Grâce à ces différents acteurs, les voiles usagées collectées par l’association auprès des plaisanciers, des écoles de voile et de certains skippers de course au large trouvent une seconde vie en devenant des sacs de sport, cabas, sacoches pour ordinateurs, enveloppes de poufs ou de coussins, porte-monnaie…
Les poches ostréicoles sont quant à elles collectées directement auprès des producteurs d’huîtres du Bassin de Marennes-Oléron en Charente Maritime. L’ESAT (Etablissement et Services d’Aide par le Travail) Navicule Bleue, localisé au cœur des parcs à huîtres à Arvert, se charge de collecter et nettoyer des poches. Elles sont ensuite transformées en corbeilles de tailles et de formes variées par Stéphane, résident de l’ESAT. Cela représente pour lui un emploi à temps plein depuis 2012.
En 2022, la revalorisation connaît un fort développement, puisqu’un partenariat est signé entre Écho-Mer et le Comité Régional de Conchyliculture de Charente-Maritime (CRC 17). L’objectif est de développer une filière conséquente en collaboration avec les ostréiculteurs du département, afin de réduire significativement le volume de déchets généré par ce matériel. Dans cette optique, de nouveaux prototypes de produits revalorisés sont à l’étude : paniers à anses, corbeilles à pain, poubelles de table…
Les bouchons de liège, sont pour leur part collectés auprès d’un important réseau de restaurateurs et de commerçants. Ils sont broyés par l’entreprise OVIVE SA, située à Périgny, près de La Rochelle (17). Le granulat obtenu est commercialisé par Écho-Mer sous sa forme brute (pas d’envoi au Portugal, ni d’ajout de colle pour former des plaques). Il est majoritairement utilisé comme isolant thermique et phonique dans la rénovation de planchers dans des maisons de particuliers.
Parallèlement, l’Entreprise Solibio, fabricant de produits cosmétiques et ménagers naturels (Solignac 87), utilise ce granulat de liège pour confectionner des cartouches anti-odeurs à installer sur les sorties de fosses septiques. De plus, Écho-Mer se sert du liège broyé pour garnir les poufs et coussins en voile recyclée proposés à la vente au local associatif et sur la boutique en ligne.
C’est pourquoi l’association communique et organise des collectes, afin d’inciter les nombreux consommateurs à conserver leurs bouchons pour les revaloriser. Ils bénéficient alors d’une seconde vie toute aussi utile. En conclusion nos priorités quotidiennes sont d’éviter l’accumulation de déchets non réutilisables.